The wrong music box | Kylian & Cybelle

Les sélections pour le tournoi étaient vraiment crevantes, mais ça y est, c’est fini. Bon, au moins, j’ai été retenu. Coach Jenkins a dit que j’avais du potentiel, ça aurait pu être pire ! Mais maintenant, je suis lessivé, en sueur et j’ai envie de me barrer de ce vestiaire au plus vite. Je prends une douche rapide dans mon coin, j’attrappe mon sac et, en marmonnant un truc sur des devoirs à faire pour le cours d’informatique, je m’en vais avant que quiconque aie le temps de lancer la conversation. J’ai eu largement ma dose de papote-testostérone pour la journée, merci bonsoir !

Je pourrais regagner mon dortoir, mais j’ai envie d’être un peu seul, pas de me retrouvé embarqué dans le drama de Carmin - enfin, pas avant d’avoir pu recharger un peu mes batteries. Je rejoins un banc dans les jardins, isolé, à l’écart, un peu dissimulé, que j’ai repéré par hasard il y a quelques jours. Ici, je pense que j’aurais la paix. Je plonge la main dans mon sac pour en sortir ma boite à musique. Normalement, je la range dans le double fond, mais après la bousculade d’aujourd’hui, je l’ai fourrée dedans précipitamment.

Je fouille à l’aveugle… et je ne la trouve pas ! Je cherche quelques instants, et je commence à vider mon sac par terre. Je vide toutes les poches, je fouille soigneusement le double fond… Rien ! Merde ! Je passe en revue toutes les affaires que j’ai sorties de mon sac, en m’aidant de mon téléphone. Et là, j’ai la surprise de découvrir un lecteur de musique avec ses écouteurs… C’est pas à moi, ça !

Et soudain, je comprends comment c’est arrivé…



Dans l’après-midi

Il faut que je me dépêche, je suis super à la bourre pour les sélections du club de tournoi ! Alors je cours dans l’escalier, à travers le parc, malgré le poids de l’équipement que je transporte. Soudain, je heurte quelque chose… Mince, quelqu’un ! Une jeune fille aux longs cheveux noirs… De justesse, je la rattrappe avant qu’elle ne tombe, glissant habilement mon bras au creux de ses reins, et l’aide à se redresser, en lui prenant l’autre main. Elle est tout aussi essouflée que moi, mais j’ignore si elle était pressée elle aussi, ou bien s’il ne s’agit que de sa (presque) chute.

Je lâche son dos, mais pas sa main, tandis que je m’incline devant elle en un geste d’excuse.
- Je suis absolument navré pour cet incident, mademoiselle. Est-ce que ça va aller ?
Il ne s’agit pas d’oublier ses manières pour autant. Je lui fais un baise-main en me présentant avec un sourire chaleureux, un peu charmeur.
- Je m’appelle Kylian, à votre service.
Je ne vais pas vraiment la vouvoyer, mais cette phrase fait toujours son petit effet.

Ma montre bipe pour me rappeler qu’il faut vraiment, vraiment que je me grouille, si je veux être à l’heure aux sélections. Jouer les jolis coeurs, ce sera pour un autre jour. Je me rends alors compte que nos sacs se sont entièrement déversés sur le sol. Je m’excuse à nouveau, attrappe ma boite à musique d’un geste vif (en espérant qu’elle ne l’aie pas vue) et la fourre précipitamment dans mon sac, sans vraiment regarder ce que je fais. Cela était fait, je rassemble rapidement le reste de mes affaires, puis lui tends les quelques uns de ses livres qui étaient encore au sol.
- Tiens, c’est à toi.

Et je file sans demander mon reste !



Ce soir-là

J’ai dû empocher son lecteur de musique par erreur, dans l’après-midi. Et si j’ai de la chance, elle aura ma boite à musique… Il faut juste espérer qu’elle n’en ai parlé à personne. Ce serait la catastrophe si ça se savait ! Maintenant, il ne me reste plus qu’à la retrouver, pour qu’on puisse faire l’échange. Je griffonne un petit mot sur un papier, siffle doucement, et Saoirse vient se poser sur mon poing. Je l’attache à sa patte, lui frotte affectueusement le ventre et la laisse décoller, avec une grâce propre aux seuls faucons.

Belle Violette,

J’ai pris quelque chose qui était à toi par erreur, et je crois que tu as peut-être trouvé quelque chose qui m’appartient.
Retrouve-moi dans les jardins, près du grand magnolia (tu n’auras qu’à suivre Saoirse).


- Ton chevalier servant

P.S. : Elle ne mord pas, tu as ma parole.


@ @Cybelle K. Luper

Spoiler:

En attendant que Saoirse ramène la mystérieuse jeune fille qui a récupéré ma boite à musique, je fais nerveusement les cent pas. Ce n’est qu’en entendant le huissement caractéristique de l’oiseau que je parviens enfin à me forcer à m’arrêter.

Je vois arriver une jeune fille que je reconnais, même si je ne l’ai croisée que brièvement. Elle arriva, le saluat d’un hochement de tête et, avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, lui tendit sa boite à musique, en précisant qu’elle n’avait pas eu le temps de le prévenir.
Il la réceptionna avec un soulagement visible.
- Oui, c’est bien cela, je te remercie !
Il faisait de son mieux pour avoir l’air calme, détaché, mais il tenait beaucoup à cette boite à musique et ne pouvait le cacher.

Je plonge ensuite la main dans ma poche et en tire un petit paquet. Pour protéger son lecteur de musique, je l’ai soigneusement enveloppé dans un mouchoir en tissu blanc (brodé, et bien évidemment propre et repassé).
- Et je crois que ceci t’appartient. j’ajoute.

Le poids familier de la boite à musique dans ma poche me redonne confiance et j’ajoute d’une voix charmeuse
- Je tiens à vous présenter mes excuses pour mon attitude de cet après-midi, gente damoiselle. J’étais en retard, mais cela n’excuse aucunement de vous avoir bousculée de la sorte.

Je m’incline légèrement et lui tend la main pour un baisemain.
- Je dois avouer que je n’ai pas saisi votre nom.

Je n’en reviens pas d’avoir réussi à perdre ma boite à musique… Elle est sans doute mon bien le plus précieux, et je serais vraiment mal si je ne la retrouve pas… Et puis, surtout, que penseraient les gens s’ils savaient ? Que dirait-on sur moi dans les couloirs de l’école ? Cela impacterait ma réputation, ma place dans l’équipe, et peut-être même mon avenir de chevalier… J’aurais peut-être dû la laisser dans ma chambre, mais il y a au moins un de mes deux colocataires en qui je ne suis pas totalement sûr d’avoir confiance…

Heureusement, Saoirse retrouve la mystérieuse jeune fille, qui me rend ma boite à musique. Je lui exprime ma reconnaissance, et lui rend son propre appareil musical, soigneusement empaqueté dans un mouchoir en tissu brodé afin d’assurer sa protection. Elle sourit, visiblement soulagé, et remet les écouteurs dans ses oreilles pour écouter aussitôt sa musique. J’adorerais en faire de même, mais, si par une chance inouïe elle ne l’a pas écoutée, je ne peux pas l’ouvrir maintenant… Bon, au moins la figurine de princesse ne danse pas seule, mais avec un prince charmant… Mais quand même !

Je patiente tranquillement jusqu’à ce qu’elle aie terminé, sans la brusquer, puis je lui présente mes excuses pour mon attitude de l’après-midi tandis qu’elle retire son écouteur. J’ajoute ensuite que je n’ai pas saisi mon nom. Ca m’apprendra à filer à l’anglaise aussitôt après m’être présenté, tiens !

Elle baisse les yeux, comme par modestie, avant de se présenter, en précisant que cela n’a aucune importance, que ça arrive.
- Cybelle… Si belle… Un nom fort opportun, si je puis me permettre, et qui vous va à ravir. je réponds avec un sourire charmeur. - Kylian, à votre service. j’ajoute avec une petite courbette.

Je constate alors que son chat, auquel je n’avais pas prêté beaucoup d’attention, se lèche les babines en contemplant Saoirse. N’a-t-il pas remarqué qu’ils font sensiblement la même taille ? Cybelle le prend dans ses bras et tente de le calmer, de le distraire. Saoirse, quant à elle, hérisse les plumes et ses pupilles s’étrécissent en le regardant.

Ils veulent tous les deux manger l’autre… Génial ! Je claque la langue, et heureusement, les pupilles de la fauconne s’arrondissent légèrement, signe qu’elle m’écoute.
- Saoirse, trouve-toi un renard. je lui ordonne.
Ce sont les plus grosses proies qu’elle chasse, et à vrai dire, ses préférées. Ca la distraiera sûrement de ce gros matou.

Elle s’envole, et je la surveille juste assez longtemps pour voir qu’elle s’éloigne vraiment et ne fait pas de cercles autour de du chat, puis je reporte mon attention sur la jeune fille.
- La lune est sublime, et ce serait dommage de rentrer si tôt… Une petite promenade ? je propose d’une voix avenante.